Interview Camille Pluton – Graphiste Culinaire

par 28 Août 2021Interview Communication Food0 commentaires

J’ai interviewé Camille, graphiste / directrice artistique spécialisée dans la restauration et fondatrice de Pluton.

Dans cette interview, elle nous en dit plus sur son métier et comment elle peut aider les restaurateurs à créer leur identité visuelle.

Cette interview a été réalisée via Instagram live. 

L’interview fait partie d’une série où je vais interviewer les différents métiers liés à la communication pour ouvrir son restaurant.

Adrien : Peux tu te présenter ?

Camille : Je suis graphiste spécialisée dans le milieu food donc la majorité de mes clients sont des restaurateurs. J’ai aussi des marques culinaires mais la majorité sont restaurateurs.

Ça fait 4 ans que je fais ça et que je me spécialise toujours un peu plus, que je vais toujours un peu plus loin pour pouvoir aider ce corps de métier.

Je suis en plus spécialisée dans la création d’identité visuelle donc vraiment les toutes premières étapes pour créer son identité même si ça m’arrive de décliner ensuite sur d’autres supports. C’est vraiment là que je me spécialise.

Je fais partie aussi du collectif Pili Pili

Adrien : Quels sont les éléments graphiques nécessaires pour l’identité visuelle d’un restaurant ?

Camille : Il peut y en avoir plusieurs, mais il y a un minimum syndical. Il faut avoir :

  • Une gamme de couleurs avec lesquels communiquer, minimum 2-3 mais après on peut partir sur des gammes colorées, des camaïeux et on peut aller à 8-10. Il faut vraiment ne pas avoir 8-10 couleurs complètement différentes, 2 tonalités, à la limite 3 mais pas plus.
  • Minimum 2 typographies avec lesquels communiquer. Quand je dis communiquer, ça peut être aussi à l’intérieur d’un restaurant, c’est pas forcément que sur les flyers, que sur le site web, c’est aussi sur son menu, sur les infos au comptoir etc.
  • Un type d’imagerie, savoir quel type d’image utiliser, si on part sur de l’illustration, des photos. Et si on part sur des photos quelle style de photo ?. Il peut y avoir des choses très différentes, on peut communiquer que en illustration et avoir que des illustrations partout dans son restaurant ou on peut communiquer sans illustration mais que des photos, plus sérieux avec que des photos en noir et blanc par exemple. Choisir sur quel type d’image on part.
  • Un logo

Le tout est réunis dans une charte graphique qui va être le guide d’utilisation de ces éléments.

J’aime beaucoup conseiller d’utiliser la vitrophanie, c’est ce qui se voit dans la rue, le fait de décorer ses vitrines. C’est vraiment ce que je mettrais comme plus à rajouter à la charte graphique. C’est ce qui fait que les gens s’arrêtent dehors en se disant “Wow c’est trop beau ici”Il y a l’enseigne qui joue, il y a l’intérieur du restaurant qui joue mais l’habillage vitrine ça joue beaucoup sur l’identité du lieu

Je recommande aussi d’investir dans la photographie pour l’intérieur du restaurant car ça va aider à communiquer, pour ouvrir l’appétit, c’est bien pratique

« Il y a un minimum syndical : une gamme de couleurs, minimum 2 typographies, un type d’imagerie, un logo »

Adrien : Quels sont les étapes pour la création de ces éléments pour un restaurateur ? Combien de temps ça prend ?

Camille : Soit le restaurateur est en mode débrouille dès le début avec pas beaucoup de budget, du coup, il fait ça tout seul et le plus important est de commencer avec une gamme colorées, des typos et un logo provisoire.

Peut être juste le nom écrit avec une typo assez simple pour commencer à communiquer avec des couleurs et des typos. Tout ceci doit être provisoire pour commencer lorsqu’on a pas engrangé assez d’argent, lorsqu’on a pas encore demandé un prêt pour son restaurant.

Puis lorsque le graphiste débute sur le projet, certains vont préférer commencer avec des couleurs, choisir l’univers de couleurs, de typo et ensuite en tirer un logo. D’autres vont partir du logo et ensuite tirer tout une gamme colorée.

Ensuite ça se fait avec des aller-retours entre le graphiste et le restaurateur. Le restaurateur demande des petites modifications si besoin et ça avance jusqu’à la livraison et ça peut prendre généralement 6 semaines pour que ça soit fait.

« 6 semaines pour que le logo soit fait »

Adrien : Combien de propositions de logo faut t’il pour un restaurant ? 

Camille : Ça dépend des graphistes mais généralement ceux qui le font en 6 semaines donnent 2 propositions de logos, certains vont jusqu’à 3.

Des graphistes proposent 10 logos différents, souvent ceux qui sont moins bien rémunérés. C’est pas forcément la meilleure option que d’avoir beaucoup de choix.

Si certains ne connaissent pas et se disent « L’autre en propose 10, je vais aller là-bas”, ce n’est pas forcément gage de qualité.

Adrien : C’est parce qu’il n’aura pas bien compris l’identité de marque du restaurant… 

Camille : Oui c’est ça.

Et même s’il a bien compris et que c’est bien fait, devoir choisir entre 10 logos différents, ça a plus trop de sens. 2-3 mais plus, on s’emmêlent les pinceaux plus qu’autre chose

Adrien : Selon toi peut-il récupérer des éléments dans ces différentes pistes ?

Camille : Mélanger plusieurs pistes, c’est souvent apporter 2 messages différents car on créé souvent à partir d’un “argument de vente”. En mélangeant plusieurs pistes, on s’embrouille et le logo a trop de messages à transmettre.

Adrien : À partir de quoi tu développes l’identité d’une marque ?

Camille : On part avec certains mots clés. On écoute beaucoup l’histoire du projet, de la personne, ses valeurs, quelles sont les valeurs du projet.

À partir de ça, une fois qu’on a bien tout écouté, on va faire des mind maps de ce qui revient, qu’est ce qui peut être lié entre les valeurs de la personne et ce qu’il veut transmettre. 

Les 2 ou 3 pistes vont être faites à partir d’une certaine valeur ou d’un certain aspect du projet.

Par exemple, pour un restaurant qui a un nom particulier et qui en même temps est zéro déchet, il y a une piste qui va être plus axé zéro déchet et l’autre sur l’originalité du nom.

« Les 2 ou 3 pistes vont être faites à partir d’une certaine valeur ou d’un certain aspect du projet. »

Adrien : Ou trouve tu la créativité ? Est ce que tu peux t’adapter à n’importe quel type de restaurant ?

Camille : Je m’inspire de ce que je vois dehors, sur internet, des endroits ou je vais quand je voyage dans d’autres pays, il y a tout qui m’inspire et il y a pas seulement les identités food, n’importe quel sujet de n’importe quelle identité peut venir m’inspirer sur un de mes projets.

Les personnes me choisissent pour mon style, mon portfolio et en voyant ma personnalité. Je n’étais pas sûr d’avoir style, mais tout mes clients me disent que si.

C’est un style qui est très minimaliste, très coloré. J’aurais beaucoup de mal si quelqu’un venait me demander pour un restaurant japonais, culture que je ne connais pas beaucoup, et très très classe, très très haut de gamme, très subtile, là je renverrais vers quelqu’un d’autres.

Adrien : Quels sont les éléments de l’identité visuelle que tu mets à disposition pour un site web ?

Camille : Ça va dépendre du web delopper et/ou du budget du client aussi.

Souvent les petits budgets se dépatouille comme ils peuvent avec les éléments que je donne donc :

  • les couleurs,
  • la typo,
  • le type d’imagerie,
  • le logo

Dans ce cas là je donne juste mon oeil à la fin pour dire là ça va, là ça va pas et souvent ça va pas quand on fait comme ça (rire).

À l’extreme inverse ce que je fais, c’est fournir toutes les maquettes de toutes les pages. Il faut avoir un budget quand même car c’est long, c’est très très long.

Adrien : Surtout avec les versions mobiles…

Camille : Oui c’est ça.

L’entre deux c’est, on me donne le contact du web developer et je créée une idée pour la home ou on choisit un thème ensemble ou je créée la maquette pour la homepage et après le developer copie un peu la home pour faire les autres pages.

Je suis là pour re-vérifier à plusieurs étapes quand le web developer en a besoin pour vérifier que c’est cohérent, tout est propre.

Quand je fais des maquettes, il y a souvent des éléments à fournir que je fournis également, pareil pour le favicon, le petit élément qui est indiqué sur l’onglet.

Là ou le budget change c’est pour le nombre de maquettes.

« Je créé la maquette pour la home et après le developer copie un peu la home pour faire les autres pages »

Adrien : Est ce que tu as quelque chose à ajouter ?

CamilleJe dirais qu’il ne faut pas hésiter à investir car ça se passe au tout début pour se donner une chance de réussir.

Je pense qu’il faut vraiment pas hésiter à investir dans de bons professionnels pour l’identité visuelle de son restaurant.

Penser assez tôt pour potentiellement débloqué de l’argent lorsque la personne fait un prêt car il y toute la communication qui ne coûte pas rien avec tous les pro inclus que ça soit l’archi d’intérieur, le web développeur, la graphiste et autres. Donc pensez à ça pour son prêt.

Adrien : et moi je dirais, choisissez au moins un symbole et des couleurs, c’est le minimum pour être reconnu

Camille : Oui les couleurs, c’est ce qui jouent le plus et quand on commence sans budget, prendre le temps de choisir ses couleurs, c’est ça qui va faire toute la donne dans la communication.

Tu peux retrouver Camille sur Instagram ainsi que sur son site internet.

Camille a également créé une formation baptisée « Objectif Identité visuelle » à moindre coût pour pouvoir créer son logo soi-même avant d’investir 2 000 ou 3 000€ dans un graphiste.

La formation permet de comprendre comment marche : les couleurs, les typos et de se créer un logo qui est propre et correct. Vous retrouverez également plein de templates pour vous aider.